Galant et Compagnies – Un regard sonore

Dans la famille des rêveurs de génie? Je demande Yannick Seddiki, le pianiste de jazz, en intégrant le mapping lors de ses concerts. Le musicien propose un regard sonore. C’est un spectacle musical et visuel, mais c’est surtout la promesse de partager la musique avec tous les publics, y compris les personnes qui souffrent d’un handicap auditif. Ce projet a reçu le deuxième prix de l’appel à projet lancé par le Crédit Mutuel Nord Europe et sa fondation.

Pour transmettre ses émotions, un musicien peut se contenter de jouer. Mais comment faire pour partager sa musique avec des personnes sourdes ou malentendantes?

Voici la réponse du pianiste Yannick Seddiki et du collectif de vidéo Mapping Arkham.

J’ai eu envie d’intégrer du mapping car j’ai beaucoup d’images qui me viennent en tête sur mes compositions.

Lui jouera sur scène et tout autour, on va projeter et faire en sorte de mettre de l’animation pour essayer de faire ressortir le côté poétique de sa musique.

Je veux voir si un dialogue s’est mis en place entre le pianiste et les graphistes afin de créer un mélange d’images réel et virtuel qui raconte les histoires portées par la musique.

Je pense qu’on a déjà fait ça. Si tu peux nous regarder, c’est nickel.

Le collectif a donc choisi de filmer le pianiste sur fond vert afin de pouvoir ensuite l’incruster dans les images numériques projetées lors des concerts.

Il y aura une structure métallique avec un fond blanc et des vidéoprojecteurs qui vont du coup projeter toutes les animations qu’on aura fait en amont.

Ils ont aussi placé des capteurs sur le piano pour que les animations évoluent en fonction du rythme et de l’intensité du jeu.

Prochaine étape offrir dix concerts sonores et visuels. Où tous les spectateurs qu’ils entendent ou pas pourront ressentir en direct les émotions du pianiste.

Repousser les limites de l’expérience live et pour cela faire appel aux nouvelles technologies. Le défi est bel et bien relevé.

Déborah Ariel Bonjour, Bonjour! Vous êtes vidéaste, chargée de production pour un regard sonore. Vous participez à ce projet depuis ses débuts?

Quasiment. Je suis arrivée assez vite au début, plutôt en tant que consultante on va dire, parce que je connais assez bien l’univers sonore de Yannick Sadiki puisqu’on a déjà travaillé ensemble et comme je travaille dans l’image, il m’avait demandé un petit peu de de venir donner un avis sur ce lien entre musique et image. Et aujourd’hui, du coup, je m’occupe de ce qui est production et diffusion.

Parlons de Yannick Seddiki parce que son idée qui était de mettre en images tout ce qu’il avait imaginé pendant qu’il jouait, est ce qu’il vous a fait des demandes particulières qui semblaient infaisables ou finalement tout est possible?

Il y avait des demandes, mais plutôt en termes d’univers, de thématiques. C’est quelqu’un qui s’interroge beaucoup sur le monde qui l’entoure et il essaie de faire transparaître ces questionnements dans sa musique, notamment le rapport aux autres, aux nouvelles technologies. Donc il avait des exigences à ce niveau là et il est très à l’écoute de ce que les graphistes vont proposer parce que eux mêmes ont déjà un univers assez prononcé. Donc voilà, l’idée c’est vraiment de faire un travail ensemble pour chacun. Etre à l’écoute de l’autre.

Alors pour ce type de mise en scène, qu’est ce qu’il y a de plus compliqué à mettre en place?

Il y a déjà toute la partie scénographie puisqu’on crée vraiment une installation sur mesure. Donc il faut faire fabriquer la structure. Il faut pouvoir faire en sorte qu’elle soit adaptable à un maximum de scènes. Et ensuite il y a vraiment la partie technique du live en fait, puisque donc nos ingénieurs travaillent dans le mapping, ils ont l’habitude de travailler essentiellement sur de la musique techno et électronique qui ont un côté un petit peu plus prévisible on va dire. Là, on est dans du jazz, donc c’est une musique très écrite avec une part d’improvisation. Donc il y a un vrai travail de la part des graphistes de synchronisation, en fait, des images en même temps que la musique.

Et on peut déplacer ce genre de spectacle ? C’est envisageable sur toutes les scènes par exemple, comme ici ?

Alors le but c’est effectivement que ce soit mobile puisque notre but est de réaliser des concerts dans toute la région des Hauts de France. Après, on a quand même certaines contraintes techniques qui font qu’on ne peut pas aller sur n’importe quelle scène, notamment en terme de dimension, puisqu’on a quand même une installation qui fait quasiment neuf mètres sur cinq je pense.

Un regard sonore a reçu le deuxième prix de l’appel à projet lancé par le Crédit Mutuel Nord Europe et sa fondation. Cette aide financière, cela va vous permettre de finaliser le projet ?

Alors ça va nous permettre déjà d’assurer toute la partie création, que ce soit technique. Donc avec cette structure, cette scénographie, ça nous permet également d’assurer déjà plusieurs dates en région et on cherche tout de même d’autres financements pour pouvoir donner une longévité à ce projet. Une portée encore plus importante et c’est un projet qui peut vraiment évoluer autant en termes techniques qu’en termes de territoire.

Est ce qu’on a une date à proposer au public pour découvrir un peu plus maintenant un regard sonore?

Là, on a donc une date le 19 septembre au théâtre Charcot pour la présentation, en fait, le lancement de la saison culturelle de jazz. Donc ce ne sera pas le live dans son intégralité, mais cette fois-ci avec la scénographie définitive et donc la version finale du projet.

On sera privilégié je pense.

Merci beaucoup de vos réponses. Je vous en prie.